La sérendipité
Voici le court récit de quatre innovations qui, à défaut d’être récentes, ont marqué les esprits : la tarte Tatin, la Pénicilline, le Velcro et le Post’it. Aucun point commun entre ces quatre cas ? Détrompez-vous, toutes sont le résultat du processus que l’on désigne par le nom bizarre de “sérendipité”. Voyons plutôt :
La tarte Tatin
Vers la fin du 18° siècle, les sœurs Tatin, restauratrices à Lamotte-Beuvron en Sologne sont en cuisine. Elles préparent une tarte aux pommes. L’une d’elles, croyant que la tarte est prête à cuire enfourne le plat. L’heure du repas approche. L’une des soeurs ouvre le four pour contrôler la cuisson. Elle s’apperçoit que le plat ne contenait que les pommes. Elle décide de rajouter simplement la pâte par dessus les pommes et de cuire la tarte ainsi, à l’envers. La célèbre tarte Tatin était née.
La Penicilline
Le 3 septembre 1928, le docteur Alexander Fleming, de retour de vacances, retrouve son laboratoire. Il constate que les boîtes de Petri dans lesquelles il cultivait des staphylocoques ont été envahies par des les souches d’un champignon microscopique (le Penicillium notatum) qu’utilise son voisin de paillasse. Avant de jeter les boites, Fleming y regarde de plus près et s’aperçoit qu’autour des champignons, les staphylocoques sont morts. Il vient de découvrir la «Pénicilline» !
Le Velcro
Nous voici en 1941. George de Mestral rentre de la chasse. Des chardons (en fait des graines de Bardane) sont accrochés à son pull-over. Esprit curieux, il observe les graines au microscope. Il remarque qu’elles ont de petits crochets élastiques grâce auxquels elles s’accrochent aux boucles de la laine. Il parvient à reproduire ce dispositif sur des bandes de nylon. Il vient d’inventer le velcro. A propos, savez-vous d’où vient le nom “VELCRO” ? tout simplement des deux parties constitutives du produit : le VELours et les CROchets !
Le Post’it
A la fin des années 1960 Spencer Silver, chimiste chez 3M, obtiens par hasard un adhésif poisseux, sans utilité apparente. Dix ans plus tard et après quelques améliorations, l’adhésif de Spencer Silver donnera naissance à un produit que nous avons tous utilisé : le Post-it Notes.
Le point commun : la sérendipité
Quel est le point commun entre ces quatre aventures ? Les sœurs Tatin, Alexander Fleming, George de Mestral et Spencer Silver ont tous découvert ce qu’ils ne cherchaient pas. On aurait pu citer d’autres inventions fortuites comme la lithographie, le four à micro-ondes, les rayons X, le Téflon et même le Viagra ! Ce phénomène de découverte fortuite est aujourd’hui appelé “sérendipité”. Ce mot étrange est une francisation de l’anglais “serendipity” qui trouve son origine dans un très ancien conte oriental : “Voyages et aventures des trois princes de Sérendip”.
A la lecture de ces quatre récits vous aurez compris qu’il y a chaque fois deux composantes dans le processus de sérendipité : le hasard (l’oubli de la pâte à tarte, la contamination des boites de Petri, les chardons accrochés au vêtement, la colle ratée) mais aussi et surtout une disposition d’esprit particulière de l’inventeur, mélange de curiosité et d’ouverture d’esprit.
La sérendipité en pratique
Nous pratiquons tous, sans le savoir, la sérendipité. Le meilleur exemple en est nos navigations sur internet : ne vous est-il pas arrivé de trouver, à l’occasion d’une recherche sur un sujet précis, une information sans aucun rapport avec ce que vous cherchiez mais d’un intérêt bien supérieur.
Pour finir et si vous êtes en charge de l’innovation dans l’entreprise, réfléchissez à ceci : si vous planifiez l’innovation (on appelle cela l’innovation réglée), vous n’avez aucune chance de produire un jour une innovation de rupture.